Le clair de lune est bien présent malgré le froid de ce début 1930. Discrets, les producteurs locaux, plus communément appelés moonshiners, sortent de leur maisonnée pour aller faire un tour jusqu'à leur distillerie, généralement camouflée aux abords de la rivière surplombant Wilkesboro. Durant quelques heures, on entend le bruit des alambics et au petit matin, bon nombre de variétés d'alcool de contrebande se terrent dans les tréfonds de leur Ford. Certains revendront leur whisky bon marché aux distributeurs aguerris du coin, les bootleggers, d'autres choisiront de sillonner eux mêmes les routes à la recherche de leur clientèle vers Charlotte ou ailleurs. La police est partout, le niveau de criminalité est au plus haut et chaque représentant d'Etat guette ce trafic plus que tout autre. Pourtant, les bars clandestins n'ont jamais été aussi nombreux, le taux d'alcoolisme n'a jamais été aussi élevé et la violence n'a d'égale que la pauvreté et la misère. Wilkesboro n'est pas épargné, Charlotte non plus, même si les habitants tâchent de continuer leur vie paisible entre un travail harassant dans les usines ou les fermes et une vie de famille hantée par la peur.